Le sous-secteur de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) en République Démocratique du Congo enregistre de profondes mutations depuis l’avènement au pouvoir du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, en janvier 2019.
Tout est parti de l’engagement de nouvelles autorités du pays à mettre en œuvre la gratuité de l’enseignement primaire en vertu de l’article 43 alinéa 3 de la Constitution de la République qui stipule : « l’enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics ».
Entre janvier 2019 et décembre 2022, le chemin parcouru n’a pas été de tout repos car il a fallu bousculer tout le système de prise en charge des enseignants par les parents. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la trésorerie et le fonctionnement des établissements publics placés à la fois sous la gestion directe de l’Etat ou sous la gestion indirecte des Confessions religieuses.
Qu’est-ce qu’il y a été fait depuis la mise en œuvre de la réforme de la gratuité de l’enseignement primaire en République Démocratique du Congo ? C’est la question à laquelle le Ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), Tony Mwaba, s’est attelé à répondre au cours d’une émission spéciale consacrée au bilan des activités dans ce sous-secteur de l’Education nationale sur la chaîne thématique EDUC TV.
D’après le Ministre Tony Mwaba, la réforme de la gratuité de l’enseignement primaire équivaut à un important contrat social.
« Quand on parle de la gratuité, cela suppose la suppression de tous les frais quelle que soit leur nature au niveau de l’école primaire. Il y avait des élèves qui payaient les frais scolaires, le minerval et tout un tas d’autres frais que certains chefs d’établissement inventaient. », a-t-il expliqué.
Pour le Ministre congolais de l’EPST, le fait de décréter la réforme de la gratuité a certes entraîné des conséquences positives et négatives dans ce sous-secteur de l’Education.
« Le côté positif de la réforme de la gratuité se traduit sur deux aspects importants : d’abord, un bon nombre d’enfants qui étaient exclus du système scolaire parce que leurs parents étaient incapables de payer leurs frais de scolarité sont retournés à l’école ; ensuite, un parent qui a cinq, six ou huit enfants a l’opportunité d’économiser pour investir cet argent dans autres activités. », a déclaré Tony Mwaba.
Parmi les effets induits (négatifs), le patron congolais de l’EPST a relevé notamment le surpeuplement des salles de classe. Une situation qui affecterait la qualité de l’enseignement, a-t-il reconnu.
Face à tous ces défis, Tony Mwaba a fait remarquer que la réponse du Gouvernement central a été prompte à travers une série de mesures d’appui à la gratuité. Depuis sa nomination à la tête de ce ministère stratégique, il a évoqué plus de soixante réalisations qui ont été accomplies dont la fiabilisation du fichier de paie par son nettoyage afin d’en élaguer les cas non conformes. Après un audit international de ce fichier de paie du SECOPE, le satisfecit qui s’en est dégagé a permis à la Banque mondiale de décaisser la somme de 185 millions d’euros au titre d’appui budgétaire en faveur de la République Démocratique du Congo.
Suivant le tableau évolutif des mesures d’appui à la gratuité publié par les services du ministère de l’EPST, il y a lieu d’énumérer aussi trois autres mesures importantes à savoir la mise à la retraite progressive de 87 000 enseignants depuis le 2 août 2021 ; la prise en charge progressive de 61 000 Nouvelles unités du niveau secondaire ; ou encore le réajustement des frais de fonctionnement des écoles primaires à hauteur de 20 à 25%.
La gratuité de l’enseignement primaire ne date pas d’aujourd’hui. Elle existait à l’époque du Congo-Belge. Seulement, elle a été suspendue à cause des difficultés liées au fonctionnement de l’Etat. Sa mise en œuvre actuellement par le Gouvernement congolais nécessite de veiller sur un certain nombre de variables pour que la gratuité ne vienne pas gâcher la qualité de l’enseignement, a souligné le Ministre Tony Mwaba.
« Depuis janvier 2019, l’Etat congolais prend en charge plus de 600 000 enseignants. A ce jour, 64 889 écoles primaires sont payées, ce qui représente une augmentation de 23 150 écoles supplémentaires en comparaison au chiffre de 41 739 écoles payées avant la réforme de la gratuité. », a indiqué Tony Mwaba, Ministre de l’EPST.
Même si la paie des enseignants ne pose plus de problème dans le pays, le banc syndical s’attend toujours à la mise en œuvre complète de l’accord de Bibwa conclu avec le Gouvernement central dans le but d’améliorer les conditions de vie et de travail des professionnels de la craie.
Art. Sé: zoom-eco.net/ Patrick BOMBOKA